Une dette publique française qui inquiète les marchés internationaux
Selon bfmtv.com, le ratio d’endettement français a bondi à 114 % du PIB, un niveau qui ne cède qu’à la Grèce et à l’Italie. Dans le même temps, l’Espagne et le Portugal empruntent déjà à meilleur coût, révélant la fragilité de Paris. François Bayrou parle d’un « danger mortel » et annonce un plan d’économies de 43,8 milliards € pour 2026, espérant rassurer des créanciers sceptiques.
Les observateurs, eux, rappellent l’enlisement économique. Philippe Ledent, économiste chez ING, estime que « d’énormes efforts » seront nécessaires pour inverser la tendance. D’après la Commission européenne, la France pourrait garder le plus mauvais déficit de la zone euro en 2025 et 2026, scénario qui renforcerait le malaise autour de sa dette publique et limiterait fortement sa marge de manœuvre fiscale.
Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, la stabilité politique paraît fragile. Les investisseurs, redoutant un Parlement ingouvernable, exigent une prime de risque plus élevée ; preuve que la crédibilité française se dégrade malgré les réformes annoncées.
Taux à dix ans surveillés comme baromètre financier majeur
Le rendement français à dix ans tourne à 3,37 %, alors que l’Italie pointe à 3,54 %. L’écart n’est plus que 0,2 point, contre 1,20 point un an plus tôt ; les deux courbes pourraient bientôt se croiser. En début juillet, le taux italien à cinq ans est déjà passé sous le taux français, fait inédit depuis 2005.
Mabrouk Chetouane, stratège chez Natixis IM, lit dans cette convergence la sanction des marchés : la France empruntera bientôt plus cher qu’une Italie pourtant endettée à 135,3 % du PIB. Chaque centième de point perdu renchérit le service d’une dette déjà colossale. Ainsi, la moindre agitation politique peut détériorer le spread en quelques heures.
Dans ce contexte, l’écart entre discours et action devient central. Tant que les coupes budgétaires restent théoriques, les capitaux se détournent ou réclament un rendement supérieur. La confiance se gagne désormais avec des mesures tangibles, sans quoi la hausse du coût de la dette publique grignotera chaque marge de manœuvre fiscale.
Quand la dette publique italienne sert de comparaison gênante
Rome gère une dette proche de 3 000 milliards € – soit 135,3 % du PIB – mais affiche un déficit limité à 3,4 % en 2024 et même un excédent au quatrième trimestre. Cette performance, saluée par S&P qui hisse la note italienne à BBB+ stable, contraste avec l’AA- de la France, désormais assorti d’une perspective négative.
Giorgia Meloni, grâce à un « pragmatisme spectaculaire », séduit les marchés. Benjamin Melman, chez Edmond de Rothschild, souligne que Rome « montre qu’elle sait piloter sa charge d’intérêts ». À Paris, Aurélien Buffault, gérant chez Delubac AM, regrette un pays « déjà au maximum de la pression fiscale » et incapable d’enclencher de nouvelles réformes crédibles.
L’écart de perception crée un cercle vicieux : plus le rendement français monte, plus la charge annuelle grossit, et moins l’État dispose de ressources pour investir. Sans signal clair, la dette publique conservera son image de fardeau ingérable, rendant chaque ajustement budgétaire encore plus douloureux.
La discipline budgétaire reste la voie sans alternative
La fenêtre pour rassurer les marchés se referme : maintenir un déficit élevé accroît la facture des intérêts et réduit la capacité d’action. Si Paris applique réellement les 43,8 milliards € d’économies promise, la pression sur le taux à dix ans pourrait enfin décroître. Autrement, les agences risquent de rétrograder encore la note française, rendant l’ajustement futur plus brutal. Redresser la trajectoire exige cohérence politique, exécution rapide et pédagogie envers une opinion déjà éprouvée.