Le lit de De Gaulle, les coussins de Hollande, la piscine de Macron : le fort de Brégançon, tantôt aimé ou détesté par les présidents de la République

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Surplombant la Méditerranée, le fort de Brégançon incarne un refuge à la fois majestueux. D’un passé millénaire, cette bâtisse militaire fascine par son héritage et son rôle symbolique auprès des présidents français. Telle une scène où chaque controverse devient ainsi matière à réflexion, elle illustre la tension subtile entre intimité privée et prestige national. Elle recèle des récits de lits inconfortables, de coussins somptueux et d’une piscine polémique.

Comment le fort de Brégançon a traversé les règnes successifs

Selon le site ladepeche.fr, occupé depuis le décret du 5 janvier 1968, le fort de Brégançon, bastion militaire du XIe siècle, trône sur un piton rocheux face à la Méditerranée. Chaque pierre rappelle un héritage national fort et la mémoire des chefs d’État. Il incarne l’équilibre entre traditions anciennes et exigences de la fonction présidentielle.

En 1964, De Gaulle passe une nuit mémorable et se plaint d’un lit trop petit ainsi que des moustiques. Les Pompidou ajoutent du mobilier de Pierre Paulin et des toiles de Harting ou Poliakoff. Valéry Giscard d’Estaing, passionné de voile, fréquente le lieu toute l’année.

François Mitterrand boude Brégançon et préfère sa bergerie de Latché dans les Landes, tout en recevant Helmut Kohl en 1985. Jacques Chirac, lui, y revient souvent malgré ses séjours à La Réunion ou à l’île Maurice. Il s’échappe aussi pour des bains de foule, même nu à une fenêtre.

Pourquoi le fort de Brégançon suscite de vives réactions politiques

En 2012, François Hollande partage ses vacances sur la plage en bermuda et polo trop grand avec Valérie Trierweiler, espérant incarner une présidence normale. L’image, captée par les médias, déclenche un phénomène de « Hollande bashing » et contribue à une chute de quinze points dans les sondages à la rentrée.

Il apparaît ensuite que l’Élysée, sous Hollande, commande quatorze coussins à 200 € pièce, suscitant l’indignation d’une partie de l’opinion. Ce coût élevé surprend alors que le fort reste largement méconnu. Tandis que certains dénoncent un luxe inutile, d’autres relativisent cet achat isolé dans un contexte estival.

Au printemps 2018, l’installation d’une piscine hors sol à 34 000 € alimente une polémique, jugée plus économique que la surveillance de la plage par onze gendarmes en bateau (60 000 €). Cette affaire glisse vite face au scandale Benalla. Par ailleurs, les sorties en jet-ski d’Emmanuel Macron attirent les critiques écologiques.

Comment l’Élysée a transformé cet écrin pour diplomatie

Dès 2017, Emmanuel Macron affiche l’ambition d’égaler Camp David en instrumentant la résidence pour ses rendez-vous diplomatiques. Guillaume Daret, auteur de Le fort de Brégançon (Éd. de L’Observatoire), explique ce désir de lier prestige historique et stratégie politique dans l’esprit d’une présidence moderne tournée vers le monde.

L’Élysée reprend la gestion directe après 2014 et consacre chaque année une enveloppe de 150 000 € pour des travaux d’électricité et de peinture. Ces interventions discrètes visent à rendre le site aussi fonctionnel que l’Élysée même. Cette prise en charge marque un rôle renforcé de la présidence.

En 2022, 417 000 € sont investis pour restaurer l’échauguette, le bastion d’entrée et le salon circulaire, soulignant l’intérêt porté au patrimoine. Dans son rapport du 18 juillet 2024, la Cour des comptes juge inopportunes d’importantes dépenses pour la Lanterne et Brégançon au regard de la fréquence d’utilisation et des caractéristiques historiques.

Un lieu de pouvoir marqué par l’isolement et la solennité

Depuis 2018, Emmanuel Macron accueille Theresa May en août 2018 pour évoquer le Brexit, puis Vladimir Poutine en août 2019 et Angela Merkel en août 2020. Le 3 août 2021, il s’adresse aux Français via les réseaux sociaux. À deux ans de la fin de son mandat, cet écrin, dans un décor chargé d’histoire, révèle la grandeur et la solitude du pouvoir.

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