Thierry Ardisson aime surprendre et, pourtant, son refuge parisien réserve une révélation rare. Derrière les arcades de la rue de Rivoli, un vaste étage de 120 mètres carrés marie charme Empire et énergie moderne. Stores de taffetas, velours carmin et panorama sur les toits emblématiques dessinent un décor vibrant que l’animateur savoure comme s’il y était invité à chaque détour de pièce.
Les questions crues de Thierry Ardisson cultivent un choc télévisuel
En septembre 2002, le journaliste Mario de Castro sonde l’animateur pour AD et entend cette phrase taquine : « J’aime assez l’idée de pouvoir être invité chez moi ». Selon admagazine.fr, elle résume un tempérament qui brouille les rôles, fait tomber les masques et invite le public dans un salon sans filtre permanent, aucun tabou.
Dans la même conversation, il évoque Pierre Dumayet, pionnier des questions osées. Dans les années 1950, l’homme glissait à ses invités des papiers tirés d’un chapeau : « Cela vous gêne-t-il que les fesses et les seins ne soient pas du même côté ? ». Ardisson assume ainsi cette filiation provocatrice avec brio.
Preuve éclatante : le 23 mars 2002, Milla Jovovich vient promouvoir Resident Evil. Lorsque l’animateur détaille l’arrestation pour fraude à l’assurance de son père et son séjour en prison, la comédienne renverse son verre d’eau puis quitte le plateau furieuse, laissant caméras et spectateurs stupéfaits par cette tempête inédite sous une lumière encore plus vive.
De la moquette au canapé, Thierry Ardisson célèbre le rouge
Depuis les vastes fenêtres côté arcades, la vue balaie les Tuileries, le Louvre, les Invalides et la tour Eiffel. Seule la tour Montparnasse, jugée coupable « d’attentat à la beauté », trouble ce panorama. Cette toile vivante dialogue avec l’intérieur, soulignant la tension entre Paris éternel et audaces personnelles affichées sans la moindre timidité.
Dans le salon, des stores en taffetas de soie tamisent une lumière qui rebondit sur un canapé Lelièvre, trouvé chez The Conran Shop. Deux lampadaires des années 1950 veillent, un tapis d’Aubusson ancre le sol, tandis que des chauffeuses en acajou aux tapisseries de Beauvais offrent un refuge raffiné pour les soirées calmes.
Le fil rouge court partout. Moquette carmine, appareils de cuisine assortis, crédence rouge et blanche répondant au damier noir et blanc du sol : chaque surface assume la flamme. Béatrice Loustalan pousse loin, souhaitant un décor chinois peint sur les murs par son ami l’artiste Thierry Journo, prolongeant la palette jusqu’au moindre coussin.
Une carrière flamboyante qui transcende la décoration intérieure
Bruno Desjuzeur, déjà complice dans la demeure normande du couple, orchestre ici une ambiance XXᵉ, teintée des années 1940-1950 et du style Empire. Il affirme que Thierry Ardisson reste le client idéal, sachant reconnaître la bonne idée. Jeux de velours de laine, satins et taffetas de soie matérialisent cette vision novatrice unique.
Le décorateur explique qu’un jeu subtil entre orangé, rouge profond, blanc crémeux et jaune doré vient justifier les écarts de couleurs initiaux. Ces nuances créent un style vif, soutenu par la noblesse des matières. Le contraste nourrit le regard, invitant chaque visiteur à parcourir les pièces comme un film vivant.
Né le 6 janvier 1949 à Bourganeuf, élevé à Montpellier, il rejoint la publicité dans les années 1970. À l’écran au début des années 1980 avec Bains de minuit, il signe Lunettes noires pour nuits blanches (1988-1990), Tout le monde en parle (1998-2006), Salut les Terriens ! puis Les Terriens du samedi ! jusqu’en 2019. Producteur Ardimages (2005), auteur de Louis XX (1999) et Confessions d’un baby-boomer (2019), il disparaît le 14 juillet 2025 à 76 ans.
Derniers reflets d’un décor et d’une vie hors norme
Ce parcours flamboyant, comme les murs écarlates de la rue de Rivoli, montre comment goût, audace et histoire personnelle peuvent fusionner jusqu’à devenir inséparables. Chaque objet, chaque souvenir, chaque provocation télévisée compose une trace vive. Lorsque les lumières se sont éteintes le 14 juillet 2025, le décor, lui, continue d’animer la mémoire collective par sa vitalité scintillante qui défie encore le temps.