Les gens du voyage ont figé la saison de rugby en posant près de deux cents caravanes juste sur la pelouse. Les poteaux restent dressés, pourtant aucun ballon n’avance, et joueurs comme bénévoles comptent déjà les jours avant un possible retour. Dans ce silence inhabituel, l’herbe se tasse, l’élan collectif vacille, et tout un village se demande comment relancer le jeu.
L’installation massive des gens du voyage bouleverse Puilboreau
Le 14 juillet, jour des feux d’artifice, a vu l’arrivée massive de 180 caravanes sur les pelouses de rugby et de football de Puilboreau, près de La Rochelle. Venus pour une mission évangélique, ces gens du voyage ont choisi le stade communal comme point de rassemblement improvisé prolongé.
Selon le maire Alain Drapeau, cité par France 3 Nouvelle-Aquitaine, les nouveaux arrivants ont démonté le grillage, aplani un talus et comblé un fossé pour passer. Cette manœuvre déterminée a rendu caducs les dispositifs préventifs imaginés par la commune pour protéger ses infrastructures sportives.
Face à cette occupation illégale, l’élu a déposé plainte pour vol d’eau et d’électricité, ainsi que pour l’usage non autorisé du domaine public. Pourtant, la procédure avance lentement, tandis que la vie sportive s’arrête, laissant joueurs et bénévoles sans terrain viable pour la rentrée ni calendrier clair.
Dégâts visibles menaçant l’avenir sportif local
La pelouse foulée par 150 véhicules des gens du voyage ressemble à un patchwork de sillons profonds. Entre rigoles creusées par les roues et flaques nées des branchements sauvages, l’herbe qui amortissait chaque plaquage se trouve écrasée, compromettant la préparation des jeunes équipes pour la saison qui arrive.
Dès le premier regard, Pierre Souchaud, président du club de rugby, constate arbres déracinés, barrières tordues et tranchées improvisées près des vestiaires. Selon lui, quinze jours sans entretien, ajoutés au passage de 150 véhicules, transforment la pelouse en friche et engendrent des mois de réparations indispensables pour les matchs.
La mairie, déjà sollicitée pour d’autres urgences, redoute la facture. Les spécialistes prévoient quinze semaines pour égaliser, replanter et tondre, puis réparer vestiaires, buvette et sanitaires. Pendant ce délai, footballeurs et rugbymen devront s’exiler dans des communes voisines, risquant de perdre des licenciés et l’esprit d’équipe.
Réponse institutionnelle face aux gens du voyage
Alain Drapeau a saisi la justice pour occupation illégale, vol d’eau et d’électricité. Malgré la plainte, l’expulsion nécessite l’aval de la préfecture puis l’intervention de forces spécialisées, un processus long, surtout en été, période où tribunaux et services fonctionnent au ralenti, selon l’élu local fatigué par l’attente administrative.
La préfecture rappelle qu’une demande de stationnement avait été transmise en février, mais l’agglomération rochelaise manquait d’équipements adaptés pour y répondre. Faute d’aire disponible, les caravanes se sont rabattues sur le complexe sportif, démontrant, selon Philippe Chabrier, que même des barrières renforcées n’assurent jamais une sécurité totale.
Cette détermination des gens du voyage pousse désormais les collectivités à réviser leurs dispositifs. Certaines envisagent des talus plus hauts, d’autres misent sur des rondins enterrés ou des zones bétonnées. Toutefois, les élus conviennent que seule la création d’aires d’accueil suffisantes offrirait une solution durable et pérenne pour tous demain.
Poursuite incertaine pour les terrains et la passion
Les poteaux restent dressés dans le vide tandis que les procédures avancent à pas comptés. Entre le coût annoncé des réparations et la possible perte de licenciés, le club subit un dur revers. La commune cherche encore une issue, consciente qu’une nuit d’intrusion peut ébranler durablement un tissu sportif patiemment bâti aux valeurs collectives forgées depuis des décennies de matchs.