Sous les tuiles mordorées du XVIIIe arrondissement, Fabrice Luchini contemple Paris avec la même ferveur qu’il porte aux vers de La Fontaine. La lumière, filtrée par des lucarnes inclinées, danse sur des affiches anciennes et sur un lit à fleurs. Tandis que chaque rayon rappelle une scène, un silence et un éclat de voix, et nourrit une imagination que rien n’endigue.
Fabrice Luchini chérit toujours les toits lumineux du XVIIIe
Selon le site lejournaldelamaison.fr, à soixante‑treize ans, il grimpe encore quatre étages sans ronchonner, heureux de retrouver ce refuge lumineux. Les poutres grincent, les livres s’empilent, pourtant l’ordre règne. Affiches Art nouveau, parure fleurie, fauteuil club : chaque détail dessine une toile intime orientée vers le silence urbain.
La tranquillité n’étouffe pas l’esprit pratique. Devant les caméras de la série L’Agence, il confia vouloir « des petits bureaux pour ma petite société ». Sur France 5, son ton resta joueur, mais il déclara ne jamais quitter le quartier qu’il connaît depuis toujours.
Entre la rue Ramey et le passage Cottin, l’ancien gamin du primeur garde l’odeur des pêches. Le XVIIIe, rugueux et sonore, forgea sa verve. Aujourd’hui, il s’émerveille de sa « saleté sublime », expression qu’il savoure comme un alexandrin, fidèle à la Goutte‑d’Or fertile.
Dans le Loir‑et‑Cher, Fabrice Luchini trouve une douce retraite
Un verdoyant chemin bocager mène à sa maison entre Blois et Orléans, dans la vallée de la Cisse. La pierre blonde absorbe le chant des merles tandis que la rivière chuchote. Chaque vendredi, il s’y réfugie, laissant Paris reprendre son vacarme sans lui.
Autour d’une grande table en chêne, il reçoit proches, puis file vers La Table d’Arras, adresse qu’il juge « somptueuse ». Le menu, célébrant le terroir, lui rappelle les fables qu’il récite : simples, ciselées, savoureuses. Ses abonnés Instagram notent aussitôt l’étape gourmande.
Un soir, François Hollande apparut sans prévenir. Les gendarmes armés postés au carrefour intriguèrent le hameau. Il plaisanta : « Tu diras au village que c’est un contrôle routier ! ». L’acteur savourait l’absurdité : un ancien président au milieu des vignes et du silence.
La vente de l’île de Ré révèle une crainte
Longtemps, la maison blanche de l’île de Ré respirait pins et sel. Bientôt, il vit la mer grignoter la dune. Sur « C à Vous », il confia qu’un ingénieur prédisait l’île engloutie dans douze ans, donc avant 2035. Un doute tenace s’installa alors.
Alors, il vendit la demeure, serrant la clé une dernière fois. « On va crever, c’est presque sûr », lâcha‑t‑il. Ce geste, brutal et lucide, dressa ses priorités : garder l’esprit plutôt qu’un panorama condamné, et placer son énergie là où la terre tient.
Fabrice Luchini savait pourtant ce lieu cher au président Emmanuel Macron, reçu autrefois pour un dîner improvisé. Leur conversation sur le théâtre se mêlait au chant des goélands. Néanmoins, l’amitié ne pesa pas assez. L’acteur troqua le crépit du phare contre la promesse d’arpenter, sans crainte, d’autres horizons.
Une vie entre prudence tranquille et audace littéraire
Il jongle avec les pages comme avec les lieux, preuve qu’un comédien reste lucide sans renoncer à la poésie. Du XVIIIe feutré à la vallée de la Cisse, sa trajectoire épouse chaque question de son époque, climat compris. Loin de la nostalgie, il avance, résolu, certain que la parole forge des digues face aux marées du monde et à la rumeur des foules.